La pleine conscience pour surmonter le syndrome post-commotionnel

La pleine conscience pour surmonter le syndrome post-commotionnel

Un pourcentage élevé des personnes présentant des symptômes persistants d’une commotion cérébrale (le syndrome post-commotionnel) est aux prises avec un sentiment d’anxiété si important que cela peut devenir un sérieux obstacle à leur rétablissement. La psychothérapie cognitive de pleine conscience s’avère une approche particulièrement intéressante pour les personnes souffrant d’un syndrome post-commotionnel, puisqu’il s’agit d’un traitement efficace pour l’anxiété, la dépression et la gestion de la douleur. De plus, la pratique de la pleine conscience peut contribuer à surmonter certains déficits cognitifs impliquant, entre autres, l’attention et les fonctions exécutives.

Qu’est-ce que la pleine conscience?

La pleine conscience, aussi appelée « présence attentive » ou « attention juste », est une pratique où on dirige toute notre attention sur le moment présent. On essaie d’éviter de penser à nos petits et grands soucis ou encore de se projeter dans nos projets avenir. Lors de la pratique de la pleine conscience, on dépose notre
attention sur des expériences internes (sensations, émotions,
pensées, états d’esprit) ou externes du moment présent. Par exemple, cela peut être la sensation de l’air qui passe par les narines ou la sensation du mouvement de l’abdomen lors de la respiration. Cet objet peut aussi être un son dans l’environnement, comme le chant des oiseaux ou le son du vent qui souffle dans les arbres.

Lorsque nous faisons référence au terme « déposer » l’attention, c’est littéralement ce que nous voulons dire. On ne doit pas analyser ou porter de jugement sur l’objet. On tente en quelque sorte d’inhiber les pensées qui pourraient être suscitées par l’objet sur lequel on dépose notre attention. Plus précisément, lorsqu’une pensée intrusive apparaît, on doit la détecter et puis simplement la laisser passer sans porter de jugement et en lui prêtant le moins d’attention possible.

Pleine conscience et psychothérapie 

Lorsqu’appliquée à la psychothérapie, la pleine conscience nous aide à prendre conscience de nos émotions et de nos pensées au moment où elles apparaissent, mais sans les juger ou s’identifier à elles. Cette approche nous permet ainsi de remarquer à quel moment des processus de pensée automatiques (ex. : ruminement) surviennent. Lors de la psychothérapie cognitive de pleine conscience, l’accent est davantage mis sur l’acceptation sans jugement des pensées et des émotions négatives plutôt que sur leur changement.

Ainsi, lorsqu’elle est intégrée à la psychothérapie cognitive, la méditation de pleine conscience vise à:

– favoriser la conscience des pensées et des émotions;

– améliorer l’acceptation des émotions négatives avec une attitude d’auto-compassion;

– prendre conscience de la rumination et la stopper en développant une nouvelle attitude envers ces pensées et émotions.

Une des approches de psychothérapie de pleine conscience qui suscite le plus d’attention et qui serait particulièrement efficace pour les personnes aux prises avec un syndrome post-commotionnel est celle de Jon Kabat-Zinn, car elle vise une gestion plus optimale du stress, de l’anxiété et de la douleur chronique. Cette approche a d’ailleurs été reprise et étudiée par plusieurs équipes de recherche.

La pleine conscience : De la gymnastique pour les fonctions cognitives?

La pratique de la pleine conscience entraîne différents processus liés à l’attention et aux fonctions exécutives:

1- Maintenir l’attention sur une longue période de temps

2- Ignorer les distractions

3- Inhiber les autres processus cognitifs

4- Augmenter la vigilance/surveillance

5- Augmenter la flexibilité cognitive

 

Des études effectuées auprès de novices qui effectuent pour la première fois un entraînement de pleine conscience démontrent une amélioration de :

1- la flexibilité cognitive (pouvoir rapidement alterner entre deux tâches ou processus mentaux sans faire d’erreurs; formuler des hypothèses alternatives pour résoudre un problème)

2- la vigilance et l’attention soutenue (rester concentré durant une longue période de temps)

3- la mémoire de travail (pouvoir manipuler plus aisément de l’information dans sa tête, comme lors de la résolution de problèmes d’arithmétique sans faire appel à du papier et un crayon)

4- l’analyse et la discrimination de l’information visuelle

Durant ces études, la pratique de la méditation se faisait deux fois par semaine pour une durée d’environ 60 minutes par séance. Le programme était échelonné sur 16 à 20 semaines. Par contre, il est à noter qu’une plus courte période d’entraînement peut aussi mener à des améliorations cognitives. Par ailleurs, une étude longitudinale effectuée durant 5 jours avec 20 minutes de pratique par jour a démontré une amélioration de la flexibilité cognitive.

La pratique de la pleine conscience et le cerveau

La pratique de la méditation pleine conscience renforce les réseaux de communication entre les structures du cerveau impliquées dans les fonctions de l’attention et les fonctions exécutives.

Après seulement quelques séances de méditation, on remarque un rehaussement de certaines structures de la région frontale du cerveau impliquées dans les fonctions exécutives. Une pratique régulière et à long terme est associée à une augmentation de l’épaisseur du cortex et une amélioration de l’intégrité de la matière blanche.

La psychothérapie pleine conscience et les commotions cérébrales

En résumé, l’avantage de cette approche est qu’elle touche quatre aspects importants pour assurer une prise en charge efficace des personnes aux prises avec un syndrome post-commotionnel.

  1. Anxiété et gestion du stress: La pleine conscience provoque un rehaussement des connexions entre l’amygdale et le cortex préfrontal.
  2. Dépression: Une psychothérapie de pleine conscience s’est avérée plus efficace que les antidépresseurs pour la prévention de la rechute de dépression.
  3. Fonctions cognitives: Cette approche améliore les fonctions d’attention et les fonctions exécutives.
  4. Lorsque mise en pratique, elle permet de favoriser la diminution de certains symptômes.