18 Avr La neuropsychologie et les commotions cérébrales
Quel est le rôle du neuropsychologue dans la gestion des commotions cérébrales ?
Chez la majorité des personnes, les premiers symptômes ressentis dans les heures et les jours qui suivent une 
commotion cérébrale sont des déficits cognitifs, incluant des troubles avec l’attention, la mémoire et les capacités de gestion de l’information. Ce sont ces mêmes symptômes qui handicaperont la vie des personnes qui développeront un syndrome post-commotionnel. Puisque les déficits cognitifs déclenchés par une commotion cérébrale peuvent perturber de façon significative le fonctionnement scolaire, professionnel, familial et social, l’expertise en neuropsychologie est un morceau essentiel de la prise en charge des personnes ayant subi une commotion cérébrale.
Le suivi en neuropsychologie permettra d’identifier les déficits cognitifs causés par la commotion cérébrale afin de planifier le soutien scolaire, professionnel et un programme personnalisé de réadaptation.
La neuropsychologie, une fenêtre sur notre cerveau
Le neuropsychologue est le spécialiste du fonctionnement du cerveau. Il est membre de l’Ordre des Psychologues du Québec, a un diplôme d’études supérieures universitaires et possède une formation approfondie de l’anatomie, du fonctionnement et des maladies du
cerveau humain. Il se spécialise dans l’évaluation et le traitement des personnes ayant, ou chez qui l’on soupçonne, une condition d’origine neurologique.
L’évaluation neuropsychologique met en évidence la nature et l’ampleur de différentes atteintes cognitives causées par la commotion. Pour ce faire, le neuropsychologue dispose d’une gamme de tests qui mesurent les différentes fonctions du cerveau. Ces tests prennent souvent la forme de tâches papier/crayon, d’épreuves sur l’ordinateur et de questionnaires standardisés.
Par ailleurs, la neuropsychologie est bien plus que l’évaluation des fonctions du cerveau. À l’aide des résultats de l’évaluation, le neuropsychologue pourra élaborer un plan d’intervention et proposer un programme de réadaptation et de rééducation des fonctions cognitives.
Pourquoi faire appel au suivi et à l’évaluation en neuropsychologie ?
Dans son énoncé de position sur le rôle des neuropsychologues dans l’évaluation et la gestion des commotions cérébrales, l’Association Québécoise des Neuropsychologues (AQNP) souligne que ces derniers sont à l’origine de plusieurs contributions significatives ayant permis de mieux comprendre le phénomène des commotions cérébrales, et ce tant sur le plan de la recherche que sur celui de la pratique clinique.
L’évaluation neuropsychologique joue un rôle important dans la prise en charge des commotions cérébrales à différents moments de l’évolution de cette blessure. Il y a trois moments clefs lors desquels l’évaluation neuropsychologique est recommandée :
- Pour planifier un retour au jeu sécuritaire ;
- Pour les symptômes persistants ;
- Pour savoir s’il faut mettre fin à la pratique d’un sport à haut risque de commotion.
1. Quand est-il sécuritaire de retourner au jeu?
Chez les personnes pour qui la commotion évolue normalement et dont
les symptômes disparaissent en moins de 2 ou 3 semaines, l’évaluation neuropsychologique permet de déterminer si l’athlète est prêt à retourner au jeu. Lorsque l’athlète a bien respecté les étapes du retour graduel à l’apprentissage et qu’une journée complète en classe ou un effort physique intense ne déclenchent plus de symptômes, il peut entamer la dernière étape, celle du retour au jeu sans restrictions. Toutefois, pour ce faire, une courte évaluation en neuropsychologie est recommandée afin de s’assurer que des déficits résiduels ne compromettent pas la sécurité de l’athlète sur le terrain et n’accroissent pas le risque de subir une autre commotion cérébrale.
MISE EN GARDE
Alors que l’évaluation neuropsychologique pour planifier le retour au jeu est de plus en plus recommandée par les médecins et exigée par les organisations sportives, beaucoup de personnes s’improvisent « experts » en évaluation des commotions cérébrales et utilisent des tests qui n’ont pas la sensibilité requise.
Dans son énoncé de position, l’AQNP rappelle « que la réserve de l’activité d’évaluation des troubles neuropsychologiques, en vigueur depuis septembre 2012, reconnaît la nature spécifique de ce type d’évaluation et le haut degré de risque si elle n’est pas effectuée par un professionnel habilité ».
Ainsi, afin que l’évaluation soit valide, il faut s’assurer que les tests neuropsychologiques soient supervisés et interprétés par un neuropsychologue. La remise des résultats doit aussi être faite par un neuropsychologue.
2. Symptômes persistants
Lorsque les symptômes et déficits cognitifs occasionnés par une commotion persistent plus de trois semaines, on considère que l’évolution de la blessure ne suit pas son cours normal. Une prise en charge en neuropsychologie, incluant une évaluation approfondie, est alors recommandée. Cette évaluation permet:
- d’encadrer le retour à l’apprentissage et d’obtenir le soutien scolaire nécessaire;
- de guider le retour au travail et d’obtenir le soutien et les mesures d’adaptations requises;
- de planifier un programme de rééducation/remédiation cognitive
- d’orienter le patient vers les autres professionnels (ex. : intervention en neuro-optométrie avec un optométriste).
3. Savoir quand tirer sa révérence
La décision d’arrêter les sports de contact est difficile, mais parfois nécessaire. Lorsque le cerveau a subi plusieurs commotions cérébrales, les conséquences d’une nouvelle commotion peuvent être graves. Il faut se rappeler que les commotions cérébrales ont un effet cumulatif sur le cerveau. En règle générale, les personnes ayant subi trois commotions ou plus en ressentiront les conséquences dans leur vie de tous les jours. L’évaluation complète en neuropsychologie devient alors centrale à ce processus de décision et déterminante pour l’avenir de l’athlète. Le neuropsychologue vérifiera les conséquences d’éventuels déficits neuropsychologiques sur le quotidien de l’athlète. Si l’athlète comprend les conséquences de ces blessures sur son cerveau, sur ses chances de réussite académique, professionnelle et sociale, cela lui permettra de mieux saisir ce qui est en jeu pour lui et de prendre une décision éclairée.
Enfin, la commotion cérébrale est une blessure complexe qui n’affecte pas seulement les fonctions cognitives. D’autres professionnels ont aussi un rôle à jouer afin d’assurer une prise en charge complète et optimale, incluant les kinésiologues, physiothérapeutes, neuro-optométristes, nutritionnistes et psychologues. Ainsi, une approche interdisciplinaire devrait toujours être priorisée, où chacun de ces professionnels ont un rôle essentiel et complémentaire.